Bien que les pieds de l’homme n’occupent qu’un petit coin de la terre, c’est par tout l’espace qu’il n’occupe pas que l’homme peut marcher sur la terre immense. Bien que l’intelligence de l’homme ne pénètre qu’une parcelle de la vérité totale, c’est par ce qu’elle ne pénètre pas que l’homme peut comprendre ce qu’est le ciel.
Quiconque connaît la grande unité, la grande obscurité, la grande vue, la grande équité, la grande loi, la grande confiance et le grand équilibre atteindra à la connaissance suprême. Car la grande unité relie tout ; la grande obscurité dissout tout ; la grande vue pénètre tout ; la grande équité englobe tout ; la grande loi régit tout ; la grande confiance gagne tout ; le grand équilibre soutient tout.
Toute existence a son ciel ; toute recherche, sa lumière ; toute communion, son pivot ; le commencement, son Cela. Qui le déchiffre paraît ne pas le déchiffrer ; qui le connaît paraît ne pas le connaître ; seul qui ne cherchera pas à le connaître peut le connaître. Aussi il ne l’interroge plus ni comme fini ni comme infini. Derrière les phénomènes désordonnés il y a quelque chose qui ne change pas. Il demeure insubstituable et inaltérable depuis toujours. Ne peut-on pas considérer qu’il y a là quelque chose d’évident et de solide ? Pourquoi ne consulte-t-on pas cela et persiste-t-on dans l’erreur ? Quiconque dissipe l’erreur retrouve la certitude. C’est là vénérer la grande certitude.
In Tchouang-tseu – Oeuvre complète – Chap XXIV
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